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Récemment, plusieurs films sont venus enrichir le discours sur l’euthanasie. Nous avons obtenu le prix Père réalisé par Florian Zeller sur un personnage souffrant de démence, et au Festival Nouveaux Horizons de cette année, Gaspar Noé dans le film Vortex a montré une vision différente, plus juste, de la vieillesse et du départ souvent indigne de ce monde. Il rejoint maintenant cette liste François Ozonqui dans la production de Tout s’est bien passé aborde le thème du passage et du choix de son propre destin. Il raconte son histoire sur un ton plus calme que les deux œuvres mentionnées ci-dessus.
André, 85 ans, (phénoménal André Dussollier) subit une attaque cérébrale et, partiellement paralysé, devient dépendant de l’aide des autres. Ayant auparavant apprécié la vie dans le monde artistique de la bohème française contemporaine, il ne peut imaginer une situation dans laquelle il serait une charge pour les autres. Il fait donc une demande à ses filles (Sophie Marceau i Géraldine Pailhas) pour organiser l’euthanasie, qui n’est pas légale en France mais peut être pratiquée en Suisse. À plusieurs reprises dans le film, l’un des protagonistes souligne que leur père ne doit pas être renié et les sœurs décident de l’aider, tout en espérant que pendant les procédures, leur père retrouvera le goût de vivre.
Bien qu’Ozon n’ait pas peur des images difficiles et qu’il nous montre souvent la condition du père des héroïnes de manière suggestive, l’ensemble est vraiment agréable à regarder, ce qui est bien sûr dû au scénario et aux dialogues excellemment écrits. Le réalisateur navigue habilement entre les dilemmes moraux, mais ne choisit pas pour le spectateur et n’impose aucune façon de penser. Il n’énumère en aucune façon, même métaphoriquement, les avantages et les inconvénients de l’idée d’André. Il se concentre principalement sur les émotions qui entourent l’ensemble du décor et souligne ainsi l’approche individuelle des personnages. Cela donne l’occasion de montrer la famille, les relations difficiles au sein de celle-ci et la rancune envers le parent cachée pendant des années.
Des dialogues précis, parfois très drôles, sont entrecoupés de mots remplis de douleur, bien que le film ne cherche pas à susciter des émotions faciles, conduisant l’histoire de manière terre à terre et ne s’orientant que légèrement vers des réflexions philosophiques sur la vie et la mort, avec en tête la capacité de décider de son propre décès. Il y a des moments moins réussis. Il y a un léger essoufflement au cours du deuxième acte, mais finalement, Ozon termine son film de la meilleure façon possible. Je ne suis pas fan de l’idée que les personnages disent le titre à haute voix, mais cela fonctionne brillamment ici.
Tout s’est bien passé est un film modeste qui, malgré son sujet difficile, se tient à l’écart des moralités, déchargeant habilement l’atmosphère d’un humour décalé. Le commentaire le plus audacieux et probablement le seul commentaire fort (ce qui n’est pas un défaut dans ce cas) est l’accent mis sur le classisme et l’exclusivité du traitement qu’André veut subir. Dans l’une des scènes, le personnage remarque en plaisantant que les pauvres sont tous ceux qui n’ont pas les moyens de décider par eux-mêmes. Ozon habille ainsi cette remarque juste dans le cadre d’une insertion humoristique, mais lui donne en même temps matière à réflexion. Et c’est ce qui caractérise le mieux la nouvelle œuvre du réalisateur français.
Ce compte-rendu a été initialement publié le 19 août 2021. Il a été propulsé à la première page en raison de sa sortie au cinéma.
Spécialiste des études culturelles, journaliste et amateur de cinéma et de bandes dessinées. Il a disséqué de manière académique l’histoire de Captain America et le parc à thème du genre en Corée du Sud. L’art n’a pas de frontières, tout comme le répertoire qu’il choisit – des films d’action au cinéma de niche. Sa plus grande faiblesse, cependant, est pour les dessinateurs et tout ce qui a un logo Marvel.
Tout s’est bien passé